Salé

Salé est une ville marocaine. Elle est située sur le littoral atlantique du pays, sur la rive droite de l'embouchure du Bouregreg, en face de Rabat.
Fondée sur les rives du Bouregreg par les Phéniciens sous le nom de Sala Colonia (ou bien Chellah), la cité tombe ensuite sous domination carthaginoise ; mais sa période la plus prospère de l'antiquité se situe sous l'empire romain. La ville actuelle de Salé s'est développée à partir de cet ancien site phénicien.
Salé connait un important développement à l'époque des Almohades (xiie siècle) et des Mérinides (xive siècle), du fait de sa position stratégique sur la voie terrestre qui relie Fès à Marrakech et grâce à son port, centre d’échanges entre l’Europe et le Maroc.
Jusqu'au xviiie siècle l’activité commerciale permet à Salé d’étendre son influence dans le pays et jusque dans des régions très éloignées. Au xviie siècle, l’arrivée des réfugiés musulmans d’Espagne donne un nouveau souffle à la cité et crée une rivalité avec la ville toute voisine de Rabat. Les Morisques andalous, animés d'un esprit de vengeance contre les Chrétiens, se lancent dans la guerre de course et constituent une puissante entité politique du nom de République du Bouregreg menant des expéditions des plus osées jusqu'en Cornouailles. Célèbres pour leur audace et leur ruse, les corsaires de Salé laissent l'image des Sallee Rovers dans la mémoire des Anglais.


La ville de Salé tire son nom de l'arabe oued Sala, « rivière salée », appellation du fleuve Bouregreg jusqu'au xiiie siècle. Le nom « Bouregreg » pourrait avoir une origine berbère, puisque « regrag » signifie « gravier » en berbère ; mais les historiens ne privilégient pas cette étymologie1. Selon l'historienne Leila Maziane, le nom de la ville vient du mot phénicien sala qui signifie « rocher »2.
D'autres hypothèses proposent comme origine le mot Chellah, nom d'un ancien comptoir phénicien. Plusieurs établissements néo-puniques ont été trouvés le long de la côte lors de fouilles archéologiques. L'ancienne cité romaine Sala Colonia, citée dans dans l'itinéraire d'Antonin le Pieux se situe au niveau de l'actuelle nécropole de Chellah. Sala et Chellah pourraient être le même nom. En effet, en prononçant le mot en punique, on peut dire Sala ou Shala. Selon l'islamologue Évariste Lévi-Provençal, Sala est une simple latinisation du mot Shala. Après avoir été utilisés indifféremment, les deux termes ont été progressivement utilisés pour distinguer le site romain de la ville musulmane3.
D’autres étymologies légendaires, reprises par les historiens arabes, rattachent le nom de la ville à Sala, fils de Ham, fils de Noé. Certaines légendes affirment même que Sala fut fondée par Alexandre le Grand ou bien par Afriqith le Himyarite. D'après l'historien marocain Ahmad ibn Khalid Naciri, la fondation des vieilles villes du Maroc serait le fait des Européens ou de leur prédécesseurs carthaginois. Selon les Juifs, d'après une tradition de l'époque de Justinien, Salé serait une ville de Salomon3.